LE JOURNAL 2

27 février 2006

Episode 4: Secret de famille



C'était il y a trois ans je crois. J'étais avec mon cousin Antoine, chez moi, quand d'un coup je m'en suis souvenu. "Putain, mais elle doit encore y être non!?" Lui: "Ouais sans doute mais tu te souviens où on l'avait enterrée?" Moi: "A peu près oui... Allez, viens, on y va!" Et nous sommes partis, avec une petite bêche et une pelle. Arrivés chez lui, près du ruisseau, j'ai essayé de me souvenir de l'endroit exact où nous l'avions enterrée. C'était 14 ans plus tôt, j'ai dû faire un gros effort de mémoire. "Et si on essayait de creuser à côté du figuier?" Ben non rien. "Non ça y'est, c'était plus vers la route..." Toujours pas. "On l'avait mis dans un sac en plastique hein?" Lui: "Oui. Mais il faut peut-être creuser plus profondément. Ca fait presque 15 ans, le niveau a bien du monter de 30 centimètres car on est à côté d'un ruisseau. Creuse encore." Et j'ai bêché comme un taré tout autour du figuier. On est même allé jusqu'au premier près, mais je savais qu'on ne l'avait pas enfouie si loin. Ca a duré une heure comme ça, et on n'a rien trouvé. Elle est sans doute définitivement perdue. Peut-être qu'un chien l'a trouvée une nuit en creusant et l'a emmenée loin.

Mars 1989: je rentre chez moi après 15 jours de classe de neige. Mes parents m'emmerdent: "alors c'était bien? Vous avez skié? T'as pas eu froid? Et la patinoire, ça t'a plu?" Comme tous les gamins qui viennent de passer 15 jours avec des potes, j'étais un peu blasé. J'avais pas envie que ça s'arrête. Dans ce contexte, l'interrogatoire de mes parents est vécu comme un véritable supplice. On est à table quand ma mère me dit: "tu vas donner tes affaires sales à Sylvain (mon père) pour qu'il fasse une lessive." Moi: "Heu... oui oui. Je vais le faire moi." Je monte les escaliers en 4ème vitesse et me précipite dans ma chambre avant mon père. "Putain mais elle est où?" Ca y est, je la trouve. Elle est toujours dans son sac en plastique. J'entends qu'on monte les escaliers. Je jette le sachet sous le lit et donne mes affaires sales à mon père. L'après-midi, tout le monde retourne au travail. Je me retrouve seul chez moi avec mon cousin. Je lui explique la situation. Il a 4 ans et il ne comprend pas tout. Mais je lui demande de venir avec moi pour l'enterrer.
Personne chez lui... C'est le bon moment. On trouve une pioche et je commence à creuser. Un bon gros trou de 20 centimètres de profondeur. Je la jette dedans dans son sachet et je recouvre de terre. C'est con mais à ce moment là je suis pris de panique. J'ai le coeur qui bat vite. J'espère que personne ne la retrouvera. "Dis, tu le diras à personne d'accord? Tu me le jures..." Antoine est petit mais je peux lui faire confiance. Il n'en parlera jamais. Avec le temps, on oubliera tous les deux. On oubliera que par un après-midi du mois de mars 1989, lui et moi étions allé cacher sous 20 centimètres de terre une culotte dans laquelle j'avais chié et à cause de laquelle je m'étais pris la honte du siècle en classe de neige.

5 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Je te l'avais bien dit, et je te le répète : c'est décidément dans les histoires de chiottes (au sens large) que tu es le meilleur.
Continue mon gars...
Creuse, oserai-je dire, creuse Forest, creuse... :o)

JNo

27 février, 2006 15:14  
Anonymous Anonyme said...

Mais où vas-tu chercher tes illustrations?
Je croyais que tu ne racontais cette histoire qu'en petit comité après une soirée bien arrosée! J'attends avec impatience celles sur notre ami du moyen orient.

27 février, 2006 18:28  
Blogger FrédéricB said...

Mes illustrations? J'ai une très grande collection d'images à la con trouvées sur le web. A peu près 5 go... ;)

Une histoire de notre ami du proche orient? (Oui c'est plus le proche que le moyen...) Mais laquelle? La voiture?

28 février, 2006 10:38  
Anonymous Anonyme said...

Ouais, moi j'aime bien la voiture! Sinon le téléphone portable volé... y a de la matière

28 février, 2006 18:23  
Anonymous Anonyme said...

Vraiment exceptionnel !
C'est bien écrit, il y a du suspens, on est tenu en haleine ( fraiche bien sur - OK pardon ) et en plus c'est très drôle.

Vivement l'histoire de la Garde à vue de Gilbert.

02 mars, 2006 07:38  

Enregistrer un commentaire

<< Home