LE JOURNAL 2

03 novembre 2006

Les Inckoruptibles


Il y a quelques jours, j'ai entendu dire que pour figurer sur une compil des Inrocks, le groupe ou la maison de disques devait payer 3000 euros. Un info anodine distillée par un pote qui fréquente le petit milieu de la musique à Paris. "Et encore, m'a-t-il précisé, c'est le tarif pour les groupes qu'ils aiment. Si ce sont des artistes qu'ils ne peuvent pas blairer, ça peut être encore plus cher." Ah ouai, quand même. Chez Rock&Folk, ils ont une pratique sympatoche aussi. Ils feraient payer les maisons de disques des groupes qu'ils mettent en Une. J'ai entendu parler de 20 000 euros. Alors là, je me pose une question: est-ce que le journal appelle la maison de disque dès qu'ils ont décidé de la Une ("Balance le chèque coco!") ou est-ce qu'ils organisent une vente aux enchères tous les mois avec Manoeuvre qui frappe un grand coup de marteau ("Adjugée vendue au couple "M/Paul MacCartney", félicitations!") Cela va de soi qu'il n'est pas impossible que les Inrocks fassent aussi payer leur couv'.
Tout ça m'a rappelé le dernier dessin de Luz pour les Inrocks (illustration). Pas le genre de truc qui pousserait un ayatollah de VivendiUniversal à lancer une fatwa contre l'hebdomadaire de la rue de Rivoli. Et pourtant, le vénérable Christian Fevret avait en son temps jugé bon de ne pas le diffuser. Prétextant que "les gens qui n'étaient pas au courant de l'affaire ne pouvaient pas comprendre le dessin" et dénonçant "l'attaque personnelle de Pascal Nègre". Or aux Inrocks, les attaques personnelles n'ont pas droit de cité, c'est bien connu... Sarkozy? Non, jamais d'attaque personnelle contre Sarkozy. Patrick LeLay? Non plus. Faut dire que là, la charge contre Pascal Nègre était d'une rare violence: "Télécharge et tu fais chier Pascal Nègre!" Bigre! C'est dégueulasse de traîner les gens comme ça dans la boue. A sa décharge (je ne parle pas du magazine là!), le rédac-chef des Inckoruptibles (ah ah j'adore ce nom!) a diffusé le dessin quelques semaines plus tard. Trop peur de passer pour un suppot du fascisme. Et puis, quand on donne autant de leçons au feuillet, il faut être irréprochable, non mais! La respectabilité, ça n'a pas de prix... Qui a dit "si, 3000 euros"?

02 novembre 2006

Viande rouge et cuisses de filles


Avant-hier midi, je bouffais avec des camarades journalistes. Mon chef de service, mon rédac-chef adjoint et une fille plutôt canon de mon service (cette information n'a aucun rapport avec le reste de ce post mais je tenais à le préciser).. Nous mangions notre viande rouge avec des pommes sautées quand sur l'écran plat accroché au mur, un clip de pétasses R&B s'est mis à tourner. Les réactions ont fusé: "Moi je n'aime pas du tout ce genre de musique". "Ouais c'est vraiment de la merde". "C'est que du marketing". Et moi, provocateur pathologique: "En fait j'ai l'impression que le R&B est la dernière musique qui choque le bourgeois, non?" Ambiance: "Non pas du tout, ça choque pas, c'est simplement mauvais." "Non mais regarde moi ces pétasses, c'est du marketing vulgaire!" Moi: "Mais je suis sûr que les amateurs éclairés de jazz ou de musique baroque disaient ce genre de choses dans les années 60 en regardant les Stones ou les Supremes, ou dans les années 70 devant Bowie ou Marvin Gaye..." Un des autres: "Je ne crois pas. Le R&B ça ne choque pas, c'est simplement mauvais. C'est le rap qui choque le bourgeois." Moi: "Mais arrêtez, le rap ça ne choque personne. C'est institutionnel, limite druckérisé. Joeystarr est partout pour nous fourguer son disque. Les bobos l'adorent. Sans même parler de MC Groslard et d'IAM dont on étudie à coup sûr les textes en cours de français."

Je pense, en toute modestie, que si j'avais dû débattre de cette question sur le plateau de L'Arène de France ("Le R&B: vraie musique ou mode passagère?"), j'aurais à moi seul emporté l'adhésion du public, au moins à 61%.