LE JOURNAL 2

28 février 2006

Episode 5: Le dépucelage de Bruno



Il s'en souvient Bruno. Dans les moindres détails. Jusqu'au plus sordide. Bruno et sa bite, une histoire à la con. Ah ah ah... Car Bruno a de l'humour aussi, en plus d'avoir une bite. Il a même plus du premier que de la seconde. Pourtant, ce soir là, il allait devoir s'en servir comme un grand de son machin. Ben oui, il avait enfin trouvé une fille Bruno. Une Canadienne qui -hasard de la vie- partageait sa piaule. Ce soir là, ça faisait bien une quinzaine de jours qu'ils se bécotaient. Chastes comme des collégiens.
Pourtant, la fille... ben elle voulait qu'il joue à l'homme enfin Bruno. Mais Bruno avait un problème. Oh pas grand chose. Une plaie pas tout à fait cicatrisée au bout de son machin. Beuuurk... Et ouais beuuuurk. Une quinzaine de jours plus tôt, Bruno était passé sur la table à opérer. Pour une coupe de printemps. Pas pour des raisons religieuses, non, Bruno il s'en foutait du messie et de toutes ces conneries pour esprit primaire. Bruno il avait un problème médical et le docteur lui avait dit: "Faut tout couper Bruno!" Il l'accepta sans rechigner. Sauf qu'à la sortie de la clinique, il pouvait pas baiser Bruno. Fallait que ça cicatrise.
"Combien ça va prendre?", avait-il demandé à l'infirmière avant de partir de la clinique. "Le temps qu'il faudra... Pas plus d'un mois, ne vous inquiétez pas", lui avait-elle répondu. PAS PLUS D'UN MOIS! C'était trop pour Bruno qui se retrouvait comme un con de karatéka dans une pub pour Ariel. "Mais j'ai un match cet après-midi, comment je vais faire?" Tu vas souffrir connard. Surtout au début, quand tu te retrouveras couché sur elle et que tu auras une érection et que tu sentiras tes points tirés sur la chair tendre de ton pénis. Aïe... Mais Bruno a bien tenu. A se faire des pansements de fortune, avec des kleenex dans les chiotes avant d'aller en cours. En allant se coucher. Ou entre deux érections.
Puis vint le jour. Finalement ça avait assez vite cicatrisé. Moins de deux semaines. Bruno conseille d'ailleurs le mélange bétadine/kleenex trois fois par jour... Pas très règlementaire mais très efficace. Bref, tout allait bien, la peau était saine, rose, douce et tout. Bruno allait enfin faire l'amour. "T'as des capotes?", lui demanda-t-elle. -"Non... Et toi?" -"Non plus..." Mal barré le Bruno. Lui qui croyait que les filles en avait toujours bien planqué dans un tiroir se retrouvait un peu comme un con. "Ah si attends, je vais voir..." Merci aux journées Sida du 1er décembre... Bruno en avait gardé une. On sait jamais, une fois qu'une fille lui aurait sauté dessus dans un couloir du lycée. Enfin bon, ne l'accablons pas d'avantage il avait eu raison. Mais il fallait encore la mettre cette capote. Tout seul comme un connard biensûr. Trop timide pour demander de l'aide. Bruno ne s'en souvient plus mais je suis sûr que ce soir là il l'a mise à l'envers l'imbécile. Enfin, peu importe le flacon pourvu qu'on ait le sexe. Pour Bruno -et certainement pour sa copine- ce fut d'un rare ennui... Il ne sentit rien. Vers la fin ça le chatouilla un peu et il jouit, silencieux. Un peu déçu, il se releva et enleva la capote. Ne sachant trop quoi en faire il alla discretos la jeter dans la poubelle de la salle de bain. Prétextant une grosse soif et une envie de fumer. Sa copine savait pourtant qu'il ne fumait pas, ce qui le rendit sans doute plus ridicule encore...
Bruno était passé à côté et il le savait. Mais le lendemain avec ses potes, aussi médiocre qu'avait pu être cette nuit, Bruno eut toute la journée le visage barré par le plus grand sourire qu'il n'avait jamais eu. Il était sincèrement heureux.

27 février 2006

Episode 4: Secret de famille



C'était il y a trois ans je crois. J'étais avec mon cousin Antoine, chez moi, quand d'un coup je m'en suis souvenu. "Putain, mais elle doit encore y être non!?" Lui: "Ouais sans doute mais tu te souviens où on l'avait enterrée?" Moi: "A peu près oui... Allez, viens, on y va!" Et nous sommes partis, avec une petite bêche et une pelle. Arrivés chez lui, près du ruisseau, j'ai essayé de me souvenir de l'endroit exact où nous l'avions enterrée. C'était 14 ans plus tôt, j'ai dû faire un gros effort de mémoire. "Et si on essayait de creuser à côté du figuier?" Ben non rien. "Non ça y'est, c'était plus vers la route..." Toujours pas. "On l'avait mis dans un sac en plastique hein?" Lui: "Oui. Mais il faut peut-être creuser plus profondément. Ca fait presque 15 ans, le niveau a bien du monter de 30 centimètres car on est à côté d'un ruisseau. Creuse encore." Et j'ai bêché comme un taré tout autour du figuier. On est même allé jusqu'au premier près, mais je savais qu'on ne l'avait pas enfouie si loin. Ca a duré une heure comme ça, et on n'a rien trouvé. Elle est sans doute définitivement perdue. Peut-être qu'un chien l'a trouvée une nuit en creusant et l'a emmenée loin.

Mars 1989: je rentre chez moi après 15 jours de classe de neige. Mes parents m'emmerdent: "alors c'était bien? Vous avez skié? T'as pas eu froid? Et la patinoire, ça t'a plu?" Comme tous les gamins qui viennent de passer 15 jours avec des potes, j'étais un peu blasé. J'avais pas envie que ça s'arrête. Dans ce contexte, l'interrogatoire de mes parents est vécu comme un véritable supplice. On est à table quand ma mère me dit: "tu vas donner tes affaires sales à Sylvain (mon père) pour qu'il fasse une lessive." Moi: "Heu... oui oui. Je vais le faire moi." Je monte les escaliers en 4ème vitesse et me précipite dans ma chambre avant mon père. "Putain mais elle est où?" Ca y est, je la trouve. Elle est toujours dans son sac en plastique. J'entends qu'on monte les escaliers. Je jette le sachet sous le lit et donne mes affaires sales à mon père. L'après-midi, tout le monde retourne au travail. Je me retrouve seul chez moi avec mon cousin. Je lui explique la situation. Il a 4 ans et il ne comprend pas tout. Mais je lui demande de venir avec moi pour l'enterrer.
Personne chez lui... C'est le bon moment. On trouve une pioche et je commence à creuser. Un bon gros trou de 20 centimètres de profondeur. Je la jette dedans dans son sachet et je recouvre de terre. C'est con mais à ce moment là je suis pris de panique. J'ai le coeur qui bat vite. J'espère que personne ne la retrouvera. "Dis, tu le diras à personne d'accord? Tu me le jures..." Antoine est petit mais je peux lui faire confiance. Il n'en parlera jamais. Avec le temps, on oubliera tous les deux. On oubliera que par un après-midi du mois de mars 1989, lui et moi étions allé cacher sous 20 centimètres de terre une culotte dans laquelle j'avais chié et à cause de laquelle je m'étais pris la honte du siècle en classe de neige.

26 février 2006

Episode 3: Les derniers mots d'un blog



"j'ai regarde hier soir sur la deuxieme chaine un bon reportage consacre a l'inde actuelle. je me suis dit que, quitte a ce que le monde soit domine par une "superpuissance", je prefererais sans doute qu'il s'agisse de l'inde, plutot que des etats-unis." damienh, le 21 décembre 2004 à 22h20. (http://damienh.livejournal.com/)

"(...) Et moi, Philippe (tu permets que je t'appelle Philippe ?), c'est ton journal que je trouve à chier. Allez, sans rancune." Cathy, le 15 avril 2004 à 18h04. (http://cathym.blogspot.com/)

Drôle d'épitaphe hein? Ces deux phrases sont les derniers mots postés par ces deux auteurs de blog avant de partir. Le premier volontairement, la seconde je ne sais pas, mais je ne crois pas. Quoi qu'il en soit, ces deux personnes ne pensaient certainement pas que ce serait leurs derniers mots. Des mots anecdotiques qui prennent une dimension prophétique à la lumière de leur disparition. Et là on imagine la scène, enfin on essaie: le mec devant son ordi, peut-être en peignoir/pantoufle, qui clique sur "mettez à jour votre livejournal" et c'est fini. Plus de mise à jour, terminé, plus rien. Pour peu que personne n'ait son password et c'est livejournal qui se chargera dans quelques mois de faire disparaître toute trace de vie électronique du bonhomme. Triste, non?
Bon pour Cathy, c'est un peu différent. Ils étaient deux à écrire sur le blog. Elle et son amoureux. C'est d'ailleurs lui qui a laissé le dernier message sur le blog dans lequel il explique que la page "ne sera vraisemblablement plus réactualisée". Il écrit que son amour l'a quitté ainsi qu'un ami à lui. Mauvaise semaine... Avant de conclure: "Vous allez me manquer. Enormément…" Ouahouh. Selon votre humeur, votre sensibilité, la musique qui passe derrière vous, la lecture de ces quelques lignes peut être assez insoutenable. Je ne connais pas les personnes et pourtant j'ai un peu pleuré en lisant ça.
Si je devais mourir ce soir (comme chantait Marvin Gaye), ce post serait donc mon dernier. Là, pour le coup il serait carrément prophétique. Je vais donc essayer de soigner la chute. Bref, si je meurs, qui viendra écrire quelques lignes? Pour dire: "Ben voilà, ce post sera le dernier. FredericB nous a quittés dimanche soir. Il s'est électrocuté en tentant de brancher sa chaîne stéréo sur l'ordinateur de son coloc absent pour pouvoir transférer de la musique de sa platine vinyle vers son IPod. Bref il est mort un peu connement." Personne n'a mon password... Je crois donc que si je ne passe pas la nuit, mes derniers mots sur un blog seront ceux là, comme sur le double blanc... Mon password est noté sur un petit papier qui se trouve dans la pochette du double blanc des Beatles. Rajouter une lettre à chaque fois (ex: le B devient un C) et enlever les espaces.

25 février 2006

Episode 2: Trouver une ligne éditoriale



"Je me demande encore à quoi va ressembler ta ligne éditoriale." Voilà qui ne me met pas la pression tiens. J'y ai un peu cogité ce matin en trainant au lit à ma ligne éditoriale. "Et si je mettais des vieux albums 60's en ligne pour les faire découvrir au reste du monde (hum... 3 personnes, tu t'emballes là...)?", que je me suis dit. Et ben non, je ne le ferai pas. Je suis pas courageux moi. J'ai pas envie de me prendre un procès pour diffusion illégale de fichiers .rar.
Alors après j'ai eu l'idée d'un truc un peu concept, un peu arty. Du genre, je réfléchis à un putain de happening final avec un compte à rebours de posts jusqu'au dernier et là... le truc arrive: Génial, sublime, à faire péter un applaudimètre! Mais je n'ai pas trouvé de truc génial. En fait si j'ai trouver des trucs comme la parution d'un livre, la sortie d'un disque, mon apparition dans un film de Luc Besson, mes fesses en Une de Closer, la mise en ligne d'un classement des 100 meilleurs disques de tous les temps... Que de bonnes idées à la con quoi... Mais j'ai pas envie de faire tout ça. C'est qu'un blog après tout. "Pourquoi je devrais trouver une ligne éditoriale...?", me suis je demandé. "Parceque ça te demanderait un peu d'effort pour une fois grosse tâche", m'a répondu ma conscience décidément très présente dans ma vie en ce moment.
Bon ok ok... On verra comment ça se présente au fur et à mesure que les choses arriveront. La ligne évoluera avec le temps comme sur mon ancien livejournal. En tout cas, la première chose dont je parlerai, demain, c'est la mort d'un bloggeur. (...)

24 février 2006

Episode 1: Le Journal 2, un regard moderne sur le blog


Ben voilà. J'avais l'air d'un con il y a trois ans lorsque je devais laisser mon premier message sur mon premier blog. J'ai le même air de con, aujourd'hui alors que je dois laisser mon premier message sur mon deuxième blog. Le problème ne vient donc pas du manque d'expérience d'écriture de blog mais plus du manque d'habitude d'écriture de premier message de blog. La solution: changer de blog plus souvent. Je vais m'y atteler mais en attendant je vais rester un petit peu ici et commencer par refaire la déco.

Image: Paris - Comicshop Un Regard Moderne par Andy Bleck