Episode 5: Le dépucelage de Bruno

Il s'en souvient Bruno. Dans les moindres détails. Jusqu'au plus sordide. Bruno et sa bite, une histoire à la con. Ah ah ah... Car Bruno a de l'humour aussi, en plus d'avoir une bite. Il a même plus du premier que de la seconde. Pourtant, ce soir là, il allait devoir s'en servir comme un grand de son machin. Ben oui, il avait enfin trouvé une fille Bruno. Une Canadienne qui -hasard de la vie- partageait sa piaule. Ce soir là, ça faisait bien une quinzaine de jours qu'ils se bécotaient. Chastes comme des collégiens.
Pourtant, la fille... ben elle voulait qu'il joue à l'homme enfin Bruno. Mais Bruno avait un problème. Oh pas grand chose. Une plaie pas tout à fait cicatrisée au bout de son machin. Beuuurk... Et ouais beuuuurk. Une quinzaine de jours plus tôt, Bruno était passé sur la table à opérer. Pour une coupe de printemps. Pas pour des raisons religieuses, non, Bruno il s'en foutait du messie et de toutes ces conneries pour esprit primaire. Bruno il avait un problème médical et le docteur lui avait dit: "Faut tout couper Bruno!" Il l'accepta sans rechigner. Sauf qu'à la sortie de la clinique, il pouvait pas baiser Bruno. Fallait que ça cicatrise.
"Combien ça va prendre?", avait-il demandé à l'infirmière avant de partir de la clinique. "Le temps qu'il faudra... Pas plus d'un mois, ne vous inquiétez pas", lui avait-elle répondu. PAS PLUS D'UN MOIS! C'était trop pour Bruno qui se retrouvait comme un con de karatéka dans une pub pour Ariel. "Mais j'ai un match cet après-midi, comment je vais faire?" Tu vas souffrir connard. Surtout au début, quand tu te retrouveras couché sur elle et que tu auras une érection et que tu sentiras tes points tirés sur la chair tendre de ton pénis. Aïe... Mais Bruno a bien tenu. A se faire des pansements de fortune, avec des kleenex dans les chiotes avant d'aller en cours. En allant se coucher. Ou entre deux érections.
Puis vint le jour. Finalement ça avait assez vite cicatrisé. Moins de deux semaines. Bruno conseille d'ailleurs le mélange bétadine/kleenex trois fois par jour... Pas très règlementaire mais très efficace. Bref, tout allait bien, la peau était saine, rose, douce et tout. Bruno allait enfin faire l'amour. "T'as des capotes?", lui demanda-t-elle. -"Non... Et toi?" -"Non plus..." Mal barré le Bruno. Lui qui croyait que les filles en avait toujours bien planqué dans un tiroir se retrouvait un peu comme un con. "Ah si attends, je vais voir..." Merci aux journées Sida du 1er décembre... Bruno en avait gardé une. On sait jamais, une fois qu'une fille lui aurait sauté dessus dans un couloir du lycée. Enfin bon, ne l'accablons pas d'avantage il avait eu raison. Mais il fallait encore la mettre cette capote. Tout seul comme un connard biensûr. Trop timide pour demander de l'aide. Bruno ne s'en souvient plus mais je suis sûr que ce soir là il l'a mise à l'envers l'imbécile. Enfin, peu importe le flacon pourvu qu'on ait le sexe. Pour Bruno -et certainement pour sa copine- ce fut d'un rare ennui... Il ne sentit rien. Vers la fin ça le chatouilla un peu et il jouit, silencieux. Un peu déçu, il se releva et enleva la capote. Ne sachant trop quoi en faire il alla discretos la jeter dans la poubelle de la salle de bain. Prétextant une grosse soif et une envie de fumer. Sa copine savait pourtant qu'il ne fumait pas, ce qui le rendit sans doute plus ridicule encore...
Bruno était passé à côté et il le savait. Mais le lendemain avec ses potes, aussi médiocre qu'avait pu être cette nuit, Bruno eut toute la journée le visage barré par le plus grand sourire qu'il n'avait jamais eu. Il était sincèrement heureux.